Des paysages volcaniques époustouflants, des villages blancs, des plages sauvages et surtout des créations artistiques intégrées dans les éléments naturels… L’île canarienne incarne l’harmonie réussie entre tourisme, art et écologie.
La première vision depuis l’avion justifie à elle seule le voyage et constitue la plus belle des mises en bouche : à travers le hublot, la plus orientale des îles canariennes dévoile d’emblée d’incroyables paysages lunaires percés de profonds cratères qui font toute sa singularité.
Une fois sur terre, il faut programmer une excursion au parc national de Timanfaya et suivre la bien-nommée Route des volcans qui traverse sur 14 kilomètres les Montanas del fuego : des coulées de lave pétrifiée, des champs de cendres et de scories à perte de vue, avec d’étranges variations de textures et de couleurs, noir charbon, rouge, ocre… Un univers aride et sans vie ou presque, mais époustouflant et extraordinairement envoûtant.
Natif de Lanzarote, l’architecte et artiste visionnaire Cesar Manrique a su faire de son île un modèle de développement harmonieux et respectueux de l’environnement. Avec l’appui des autorités locales, il l’a protégée des dérives du tourisme de masse dès la fin des années 1960 en limitant la hauteur des édifices à quatre étages ou en interdisant les panneaux publicitaires. Considérant son île comme « une œuvre d’art sans cadre et sans limites », il a mis en scène et sublimé la physionomie insolite de certains sites naturels, devenus depuis des curiosités touristiques, comme la fondation qui porte son nom (son ancienne maison, bâtie sur cinq bulles volcaniques), les Jameos del Agua et la Cueva de los Verdes (nichés dans d’impressionnants tunnels volcaniques), le Jardin de Cactus ou encore le mirador del Rio, avec sa vue imprenable sur les volcans et sur l’île voisine de La Graciosa.
Classée par l’Unesco « réserve naturelle de la Biosphère », Lanzarote décline aussi sa beauté sauvage dans les vallées, sur les terrasses cultivées à flanc de colline ou le long de la route des vins, bordée de plants de vigne abrités du vent par des murets de pierre en demi-lune et de sympathiques fincas et bodegas. Le contraste est saisissant entre le noir intense du sol et les petites villes typiques, si coquettes avec leurs maisons blanches et leurs bougainvilliers aux couleurs éclatantes, comme Teguise ou Haria, dans la très belle Vallée des Palmiers.
La côte, peu bétonnée, est ponctuée d’une poignée de stations balnéaires agréables (Playa Blanca, Costa Teguise, Puerto del Carmen), d’élégantes marinas (Puerto Calero), de petites bourgades de bord de mer (Playa Quemada) et de ports de pêche paisibles (Orzola). Elle dévoile une infinie variété de plages, du spot de surf (Caleta de Famara) au lagon paradisiaque (Caleton Blanco) en passant par la crique protégée (Playa Papagayo) ou le tapis de sable noir ébène (El Golfo). Le décor n’est jamais le même, entre les dunes ondoyantes et les hautes falaises. Un vrai festival.
Photos : Céline Baussay
Article reformaté pour le web – parution initiale dans Tour hebdo, 2018.