Pittsburgh, d’art et d’acier

Les fans d’Andy Warhol ou de Frank Lloyd Wright considèrent déjà Pittsburgh comme une destination mythique. Pour les autres, cette ville trop peu connue de la côte Est des Etats-Unis est aussi une vraie curiosité : ex-capitale de l’acier, la voilà devenue un modèle de ville verte.

Qu’il semble loin le temps où Pittsburgh, capitale de l’acier, était l’une des villes les plus polluées du monde ! On la surnommait alors « l’enfer sans couvercle » en référence aux pluies de cendres qui déferlaient sur elle tous les jours… La deuxième métropole de Pennsylvanie (derrière son éternelle rivale Philadelphie) a pleinement réussi sa reconversion : sous l’impulsion d’un tout jeune maire et avec la contribution financière de grandes fondations familiales qui ont fait fortune dans l’industrie, elle a su renaître de ses cendres. Aujourd’hui, elle s’affirme comme une cité artistique, branchée, high tech et éco-responsable de premier plan. Le magazine américain Forbes l’a même désignée il y a quelques années « la ville la plus agréable à vivre des Etats-Unis » !

Même si elle est truffée d’impressionnants gratte-ciels en verre et en acier et de dizaines de ponts XXL, à l’étonnante couleur jaune, Pittsburgh n’a pas la folie des grandeurs. Elle reste une ville à taille humaine, facile à visiter à pied ou en vélo, avec un esprit provincial marqué… à l’échelle des Etats-Unis. Sa priorité : la qualité de vie de ses habitants, qui passe par une conception « verte » de l’urbanisme et de l’architecture.

Pittsburgh est la ville américaine qui compte le plus grand nombre d’arbres. Des promenades ont été aménagées sur les rives du fleuve Allegheny. Des bâtiments industriels du XIXe siècle ont été convertis en lofts. Des usines désaffectées, transformées en centres d’art. Et des œuvres architecturales respectueuses de l’environnement sont sorties de terre, à l’image du gigantesque centre de conventions de la ville, 100 % écolo. Preuve s’il en était besoin qu’il suffit parfois de se mettre au vert pour passer de l’enfer au paradis !

5 bonnes raisons d’aller à Pittsburgh

Entrer dans la légende Andy Warhol

Andy Warhol, Mao installation © Abby Warhola

Andy Warhol est né à Pittsburgh en 1928. Et la ville n’en est pas peu fière : elle l’a prouvé en baptisant un pont de son nom et surtout, en lui consacrant tout un musée. Sur sept étages, et autant de vastes plateaux d’exposition, c’est tout l’univers iconoclaste du roi du pop art qui est montré ici, avec des œuvres connues ou pas, parfois superficielles, volontiers provocatrices, couvrant toutes les périodes, les techniques et les supports, signées de l’artiste à la perruque platine, mais aussi de ses contemporains (Haring, Basquiat…). Entre les portraits de stars, les compositions magistrales, les vidéos décapantes, les nuages flottants gonflés à l’hélium et les time capsules, un vrai festival de découvertes jubilatoires ! www.warhol.org

Flasher sur la Mattress Factory

Bien plus qu’un simple musée, la Mattress Factory est un lieu d’exposition et de résidence d’artistes contemporains, totalement non-conventionnel : les œuvres et installations artistiques les plus inventives et déjantées (signées Yayoi Kusama, Stephanie Mayer-Staley ou Allan Wexler) sont accessible à tous, au sens propre puisqu’il est recommandé de les toucher ! Chaque pièce de cette ancienne usine de matelas procure des réactions radicales, choque, intrigue ou amuse, c’est selon, mais ne laisse en tout cas personne indifférent. La rue Sampsonia Way elle-même et le quartier Mexican War Streets en général valent le détour pour leur ambiance arty et bohème, éminemment sympathique. www.mattress.org

S’ouvrir l’esprit au Carnegie Museum of Art

Plusieurs puissants industriels de Pittsburgh qui ont contribué au rayonnement et à la grandeur économique de la ville ont initié, puis donné leur nom à des ouvrages majeurs : buildings, ponts et autres musées. Parmi eux, Frick, Mellon, Heinz (l’inventeur du ketchup !), mais surtout Carnegie, passionné d’art et de culture, à l’origine de la création de plusieurs musées prestigieux, dont celui d’Andy Warhol, mais aussi le fabuleux Carnegie Museum of Art. Abrité dans un complexe culturel imposant, bâti en 1895, il propose de superbes collections d’art européen et américain, impressionniste, post-impressionniste, moderne et contemporain, et présente des expositions temporaires, environ 15 par an, souvent très pointues et audacieuses. www.cmoa.org

En prendre plein la vue au Duquesne Incline

Du haut du Mount Washington s’ouvre l’un des plus beaux panoramas sur Pittsburgh et notamment sur la pointe du downtown (le bien nommé « triangle d’or « ) bordé par les rivières Allegheny et Monongahela, sur la succession de ponts jaunes, emblématiques de la ville, et surtout sur la spectaculaire skyline, particulièrement photogénique. Quelques buildings impressionnants dominent cette forêt urbaine : l’US Steel Tower, la plus haute tour (256 mètres), construite en 1970, la BNY Mellon Center, l’Alcoa Building, les tours de la PPG Place (six cathédrales de verre inspirées par le style néogothique), ou encore la Washington Plaza de I’architecte Ieoh Ming Pei. Pour le fun, on peut emprunter le vieux funiculaire en bois, le Duquesne Incline, inauguré en 1877, qui monte et descend la colline pentue tout au long de la journée.

Découvrir (en vrai) les maisons de Frank Lloyd Wright

Une heure trente de voiture suffit pour atteindre la campagne des Laurel Highlands, qui abrite des icônes de l’architecture du XXe siècle : les maisons construites sur l’idée d’une communion de l’homme avec la nature par le pionnier de l’architecture organique, j’ai nommé Franck Lloyd Wright… On a beau avoir vu et revu maintes fois les images de la Fallingwater, impossible de ne pas être impressionné par cette maison en pierre et bois, intégrée dans la roche, dont l’originalité tient à l’harmonieux jeu de terrasses et de balcons suspendus au-dessus d’une cascade, au milieu d’une végétation luxuriante. A 10 minutes de là se trouve un autre chef d’œuvre de Franck Lloyd Wright, Kentuck Knob : une villa d’une simplicité qui n’est qu’apparente, tant les détails dans la conception et l’aménagement intérieur (pièces d’Aalto, Nakashima, des Eames…) ont tous été pensés et agencés comme des élément-clés d’un ensemble parfait, précurseur de la maison solaire passive.

Mais pour réaliser un vrai rêve de fan, il faut séjourner à la Duncan House. Cette maison-témoin, conçue par Frank Lloyd Wright pour être déclinée en habitat préfabriqué, a été bâtie en 1957 dans l’Illinois, puis démantelée et reconstruite dans le Polymath Park Resort, non loin de Fallingwater et Kentuck Knob, dans une forêt, au milieu de nulle part. Minimaliste et d’un confort sommaire, la villa en bois, composée d’un vaste living-room avec cheminée et fauteuils Eames, de trois chambres et d’une cuisine équipée, se loue à la nuit : le temps nécessaire pour s’approprier vraiment les lieux et réaliser que tous les meubles et accessoires sont d’origine. Quel bonheur d’utiliser un sèche-cheveux des années 50… On se croirait dans un épisode de Mad Men !

www.fallingwater.orgwww.kentuckknob.comwww.polymathpark.com

Photos : Visit Pittsburgh, Carnegie Museums of Pittsburgh.

www.visitpa.comwww.visitpittsburgh.com

Article reformaté pour le web – Parution initiale dans IDEAT, 2011.